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les débuts de l'éducation française à pembroke : la bataille

La ville de Pembroke est un petit centre situé au bord de la rivière des Outaouais là où elle s’agrandit et se désigne le lac aux Allumettes. Au début du vingtième siècle, ce petit centre était considéré comme la métropole de la vallée de l’Outaouais, un grand nombre des habitants de Pembroke étaient anglophones, par contre, il y avait une large population française ouvrière et fermière qui faisait partie de la ville et de ses environs.

Après l’avènement du fameux Règlement 17, en 1912, la question de l’éducation française s’amplifia à Pembroke, au point de causer une crise.

Subséquemment, les Francophones, inspirés par une petite demoiselle nommée Jeanne Lajoie, ont fondé une école d’éducation française libre. La naissance de l’éducation libre à Pembroke fût marquée par plusieurs personnages remarquant; Mlle Jeanne Lajoie, celle qui alluma le feu de la lutte et  M. Alfred Longpré qui a entretenu le feu.

En entretenant le feu de la liberté éducative, des relations enflammées furent créées entre les Francophones et les Anglophones, ainsi qu’une décision sociale, raciale et religieuse, que les habitants de la ville de Pembroke connaitront intensivement pour quatre ans et qu’ils ressentiront pour longtemps.

La cause de cette longue bataille fût une loi essentiellement passée, afin d’abolir une langue. Annoncée à l’Assemblée législative, le 13 avril 1912 par James P. Whitney, Ministre de l’Éducation et entrée en vigueur le 25 juin 1912. Le règlement 17 causa une crise dans la communauté franco-ontarienne qui rapporte des émotions mouvementées. Le but de cette loi était d’encourager l’utilisation de la langue anglaise et de décourager la langue française. La loi dictait que le français pouvait être enseigné  aux débutants (1er et 2e années), mais après cette entrée, on ne permettait qu’une heure d’éducation française par jour. Dès que l’élève entrait à l’école, le but de cette loi était de l’angliciser.

Les franco-ontariens tolèreraient-ils cette violation? Certainement pas.

De 1913 à 1916,  le Règlement 17 fût protesté en forme de grève scolaire et combattu par Green Valley, Windsor, Ottawa et Pembroke. Puisque la lutte raciste était omniprésente dans la réalisation de cette loi, le Règlement 17 devint « un des épisodes les moins savoureux de la lutte qui s’est livrée pour les droits du français en Ontario. » Après tant de protestations, luttes et sacrifices, le Règlement 17 fût annulé en 1927 et l’importance de l’éducation bilingue fût finalement reconnue en Ontario.

Après l’attaque du Règlement 17 à Pembroke, les Pembrokois de langue française ne s’élevèrent qu’après plusieurs années de souffrance unilingue. En 1911 à Pembroke, il y avait un conseil de l’Union de St-Joseph du Canada, qui alliait la société St-Jean Baptiste « et l’on peut dire qu’elle a donné naissance au Cercle Lorrain. » Le Cercle Lorrain était une organisation qui représentait les habitants franco-ontariens de Pembroke. La popularité  du Cercle augmenta avec son implication dans la fondation de l’école libre. Le 23 janvier 1916, M. Alfred Longpré, un ouvrier de Pembroke, suggéra aux Francophones de se regrouper: « Plus nous serons unis, plus nous serons forts », disait-il.

Jeanne arriva à Pembroke au début du mois de septembre 1923, où elle prit pension chez M. Moïse Lafrance. Le premier jour de classes, elle fut mal accueillie par la directrice de la St-John, Sœur Beatrix. Celle-ci était Anglophone-Francophobe et disait que : « c’était une folie d’enseigner le français et l’anglais en même temps ». Elle appliquait à la lettre le Règlement 17.

Jeanne décrit son premier jour de classe dans une lettre :

« Le matin de mon arrivée, j’allais me présenter à la Principale, Sister B…. Elle me conduisit à ma classe où 30 élèves réguliers m’attendaient; je compris que j’en aurais 90. J’attendis toute la semaine  qu’on m’envoie les autres élèves. Vers la fin de la semaine, j’allai trouver la Principale, et lui dis que j’étais prête à recevoir des élèves, à quoi elle répondit : « I am waiting for orders »

Lorsqu’elle arriva dans sa classe, il n’y avait ni papier, ni crayon, ni encre, ni plume.

Le 12 septembre, l’inspecteur des écoles, M. Quarrie, arriva à l’école St-John. Pour lui, c’était impossible qu’il y ait deux enseignantes de français dans la même école, soit : Jeanne Lajoie et Sœur St-Joseph; Mlle Mary MacCauley. Il demanda donc à Jeanne d’enseigner une seule leçon.

Il partit de l’école, sans laisser un mot à Jeanne. Le 17 septembre, Jeanne reçut des nouvelles dérangeantes. Elle fut congédiée de l’école St-John  sous prétexte que Sœur St-Joseph était plus qualifiée que Jeanne.

Il existe une confusion autour du remerciement de Jeanne de l’école St-John. Dans une lettre à M. Omer Héroux et en réponse à un article qui avait paru dans le Devoir, le Père Sloan, curé de l’église St-John, atteste que :

« Mlle Lajoie fur remerciée parce qu’elle ne possédait point tous les diplômes académiques voulus,… »

Par contre, M. Héroux, rédacteur au Devoir, remet en question le fait que :

« si Mlle Lajoie ne possédait point les diplômes académiques voulus, elle ne devait pas davantage les posséder, au moment où on a retenu ses services. Comment se fait-il que ses qualifications aient paru suffisantes en septembre et insuffisantes en octobre? »

Sloan assure qu’il peut prouver la soit disant incompétence de Jeanne Lajoie :

« J’ai en main tous les documents pour prouver tout ce que je dis dans cette lettre. Si vous voulez les examiner, vous n’avez qu’à me demander et je me rendrai à Montréal les présenter en personne… »

Mais lorsque M. Omer Héroux lui demanda ces documents, Sloan lui répondit dans une lettre :

« Je ne trouve pas le temps de faire les copies des documents que vous demandez. Nous devons renvoyer à plus tard l’examen des papiers… »

Cette réunion promise par l’Abbé Sloan n’a jamais eu lieu.

Le soir même où elle fut remerciée, Jeanne, Mlle Emma Pelletier et Mme Napoléon Lafrance ont fait circuler une pétition de protestation, demandant aux commissaires de retenir Jeanne ou de trouver une autre institutrice. Jeanne s’est donc retrouvée jetée dans le centre d’un mouvement déjà entamé par Mme Lafrance, seulement que « c’est elle qui précipite l’inévitable ».

Une fois que jeanne était arrivée à Pembroke, il semblait que l’entière population Canadienne-française décida d’entreprendre une campagne pour lutter contre une loi, peu importaient les conséquences et les sacrifices. La requête fut signée par 113 pères de familles et présentée à la commission scolaire.

Ils étaient tous prêts pour une bataille.

Le 21 septembre et puisqu’il n’y avait pas encore eu de réponse de la part de la commission scolaire concernant la pétition, 250 Francophones se sont réunis pour organiser leurs démarches futures. Le Cercle Lorrain a rédigé une protestation adressée à Mgr. Lorrain, vicaire général et à l’Abbé Sloan, curé de la St-John de Pembroke, qui condamnait le renvoi de Mlle Jeanne Lajoie.

Le 25 octobre, les Canadiens-français ont reçu un mot de la commission scolaire qui a répondu négativement aux demandes des protestataires.

Deux jours plus tard, il y eut une assemblée du Cercle Lorrain, présidée par M. Alfred Longpré, qui fut assisté par plus de 400 individus. Il y avait là un ton défiant. M. Fulgence Charpentier, rédacteur du Droit, « rappela les causes de la fondation de l’école libre à Green-Valley. » Jeanne Lajoie remarqua que : « si vous avez besoin de moi, je suis prête à rester ici et à faire la lutte avec vous. » le président de l’assemblée dirigea le vote pour la fondation de l’école libre et 25 pères de famille appuyèrent le projet.

Les drapeaux furent levés, la bataille a commence.

Maintenant que les Canadiens-français avaient décidé de fonder une école, ils auraient besoin de coopérer afin de faire fonctionner leur entreprise. Cependant, la générosité des compatriotes était formidable. Ils étaient prêts à faire de grands sacrifices pour éduquer leurs enfants en français. M. Moïse Lafrance a offert volontiers de loger Mlle Lajoie. Ainsi, il a offert sa salle à dîner, comme classe. Une somme de cent dollars était mise dans la caisse de l’école. Ce qui annonça d’emblée, la naissance d’une école et comme le disait si bien M. Longpré, « L’éveil d’une race »

Le 7 novembre, l’école libre Jeanne d’Arc de Pembroke, ouvra ses portes, avec  55 élèves sur la rue Dominion, entre les rues Mary et Isabella. La devise de l’école, était, à proprement dit : « Jusqu’au bout »

L’ouverture fut assistée par des journalistes d’Ottawa et de Montréal (soit le Droit, le Devoir, la Patrie et l’Action Française), des représentants de l’ACFEO ainsi que plusieurs parents. Le discours d’Alfred Longpré, le directeur de la nouvelle école, qui déclara officiellement ouverte l’école, fût émouvant :  

« Mes enfants, j’ai peine à vous parler aujourd’hui, j’ai trop de joie. Mettez-vous bien dans la tête deux choses : il faut que vous soyez de bons catholiques, de fiers Canadiens Français…il pointe vers l’Outaouais…nos ancêtres ont trop souffert pour que nous ne maintenions pas leur œuvre. Souvenez-vous de notre histoire…À deux pas d’ici, ont passé Champlain, les missionnaires, les explorateurs…Ils nous ont légué un héritage que nous devons maintenir sous peine d’être indigne de nos pères. »

Un groupe d’ouvriers et de fermiers Canadiens-français se sont rejoints pour fonder une école. Étant tous d’états financiers modestes, comment allaient-ils financer le projet?

L’école avait besoin de deux mille dollars pour se soutenir. Par providence, l’argent est arrivé par plusieurs sources. Des dons venaient d’universités, d’associations Québécoises et Franco-Ontariennes et même d’individus qui admiraient le courage des Pembrokois. L’ACCFEO contribua abondement.

Un grand montant d’argent venait des canadiens-français eux-mêmes.

Les parties de cartes rapportaient environ 25 dollars par semaine. Les pièces de théâtre et les concerts étaient fréquents. Aussi le docteur Fink, partisan de la cause, a-t-il offert ses services gratuits à l’école.

Quelques mois plus tard, l’ACFEO, acheta une maison qu’elle convertit en école. Les élèves pouvaient maintenant laisser la salle de dîner de M. Lafrance. La nouvelle école était située sur le coin de la rue Mary et de la rue New. Le 18 février 1925, l’école Jeanne d’Arc ouvra ses portes à l’éducation française. L’opposition Irlandaise/catholique, ses manifestants ainsi que le fameux curé Sloan refusa de la bénir :

« Comme le Cercle Lorrain n’est pas une organisation paroissiale, je suis obligé de vous dire…que je ne puis pas accepter leur invitation pour bénir l’école »

Le mois de mai 1924, la petite école compta 74 élèves. Chaque mois, chaque trimestres, de nouveaux élèves arrivaient et Jeanne ne trouvait plus de place pour les installer : « S’il m’en arrive d’autres, je devrai les placer sur les escaliers,… » la petite école, débordait de francophones enthousiastes.

La fondation de l’école fût facile. Par contre, la soutenir fût un défi. La majorité des Franco-Ontariens à Pembroke,  étaient des ouvriers ou des fermiers. Leur mode de vie, ainsi que leurs comptes étaient modestes. Jeanne enseigna pour quatre ans dans une pauvreté inimaginable et un dévouement complet. Pendant ces années, les Canadiens-Français ont fait de grands sacrifices et ont essayé de négocier avec la commission scolaire.

Les partisans de l’école libre devaient encore payer leurs taxes scolaires à la ville en plus de supporter l’école libre. Il semblait ridicule pour eux de payer pour des écoles où leurs enfants n’allaient pas et de payer d’autant plus un système qui était contre leur entreprise.

Vers le mois d’août 1925, les Canadiens-Français prirent une décision qui causera beaucoup d’émois et de tensions entre le clergé Anglophone/Irlandais et les francophones de Pembroke. Ils ont envoyé une délégation à la commission scolaire et lui ont proposé de payer une institutrice à l’école libre. Sinon, les Canadiens-Français, menaçaient de transférer leurs taxes des écoles séparées aux écoles publiques.

L’Abbé Sloan paniqua. Il annonça ouvertement sa désapprobation et essaya d’interdire le transfert. Le clergé Irlandais de Pembroke alla encore plus loin et leur refusa l’absolution.

 De cette volonté naquit le Cercle Lorrain qui jouera un rôle important et surtout décisif dans la lutte pour une école française.

La situation éducative à Pembroke, durant les années qui suivirent le Règlement 17, était pénible. En 1921, la population francophone comptait 1800 individus contre 1655 anglophones. Même avec cette majorité des Canadiens-Français, les élèves francophones étaient divisées entre deux écoles : la Cathédrale et la St-John où « il est impossible pour 360 élèves Canadiens Français d’obtenir le moindre enseignement de leur langue. » Leurs cours de français duraient une heure et étaient données dans un local séparé, tandis que les élèves anglophones, continuaient leurs cours réguliers.

L’enseignante du français, était Sœur St-Joseph, « qui malheureusement pour nos petits Canadiens français ne parle que le français Parisien absolument incompréhensible. »

L’oligarchie Anglophone/Irlandaise, s’étendait dans le petit monde d’affaires de Pembroke. La majorité des postes d’autorité étaient occupés par des Anglophones.

Finalement et après plusieurs années de mécontentement, le courage s’éveilla. Le 12 novembre 1922, lors de l’une des assemblées du Cercle Lorrain, les Canadiens-Français décidèrent de faire des démarches et d’appuyer la commission scolaire pour l’enseignement français, à l’école St-John.

Cette demande fit surface, après  de longues démarches par les partisans de Pembroke. Il y avait un mouvement, fondé par Mlle Emma Pelletier et Mme Napoléon Lafance qui faisaient campagne pour l’éducation françaises à Pembroke. Leurs demandes répétées, ont dérivé à l’engagement d’une institutrice de français. Il était temps « de réclamer, non pas une faveur, mais un droit concédé dans les tous les traités avec l’Angleterre. »

Après plusieurs négociations, les représentants autorisèrent l’engagement de cette institutrice à l’école St-John. Fait accompli pour les Francophones. Cependant, la survie de leur langue n’était pas encore tout à fait assurée, comme Alfred Longpré le supposait :

« …je ne me félicitais pas outre mesure de l’arrivée d’une institutrice de français parmi nous; je supposais mille difficultés, si le Règlement dix-sept n’était pas observé; tout de même, j’étais fermement convaincu que l’enseignement de la langue maternelle, [] n’était pas avantageux aux nôtres, parce que le peu d’heures destinées à cette étude ne servait qu’à faire apprendre à moitié notre langue… »

Ce qu’il fallait créer, était une éducation française à temps plein. Mais comment achever ce désir avec une loi qui met constamment un bâton dans les roues du français et des Francophones?

La réponse fût représentée par une jeune demoiselle nommée Jeanne Lajoie. Ce fût elle qui : « fouetta les timidités, réveilla les courages et rappela le grand devoir » des Pembrokois et les aida à réaliser leur rêve et affirmer leurs droits le mouvement vers la l’éducation française à Pembroke, connaitra un essor avec l’arrivée de Jeanne en 1923.

 

La fondation de l’école fût facile. Par contre, la soutenir fût un défi. La majorité des Franco-Ontariens à Pembroke,  étaient des ouvriers ou des fermiers. Leur mode de vie, ainsi que leurs comptes étaient modestes. Jeanne enseigna pour quatre ans dans une pauvreté inimaginable et un dévouement complet. Pendant ces années, les Canadiens-Français ont fait de grands sacrifices et ont essayé de négocier avec la commission scolaire.

Les partisans de l’école libre devaient encore payer leurs taxes scolaires à la ville en plus de supporter l’école libre. Il semblait ridicule pour eux de payer pour des écoles où leurs enfants n’allaient pas et de payer d’autant plus un système qui était contre leur entreprise.

Vers le mois d’août 1925, les Canadiens-Français prirent une décision qui causera beaucoup d’émois et de tensions entre le clergé Anglophone/Irlandais et les francophones de Pembroke. Ils ont envoyé une délégation à la commission scolaire et lui ont proposé de payer une institutrice à l’école libre. Sinon, les Canadiens-Français, menaçaient de transférer leurs taxes des écoles séparées aux écoles publiques.

L’Abbé Sloan paniqua. Il annonça ouvertement sa désapprobation et essaya d’interdire le transfert. Le clergé Irlandais de Pembroke alla encore plus loin et leur refusa l’absolution.

Les Canadiens-Français persistèrent et la date fût établie. Si les commissaires ne subventionnaient pas une institutrice à l’école libre Jeanne d’Arc,  les Canadiens-Français feraient le transfert de leurs taxes au conseil public.

Il y eut des négociations avec la commission scolaire et M. Desrochers, un commissaire, avait : « bon espoir que les Irlandais semblaient disposés à faire des concessions. »

Les commissaires soumirent la question au département de l’éducation et ont promis de donner une réponse vers le mois de janvier. Seulement voilà, le temps passa et aucune décision de fut prise.

Comme convenu, une quarantaine d’hommes, guidés par M. Alfred Longpré, ont transféré leurs taxes au conseil public.  Ce n’est qu’après cela que les commissaires ont réalisé qu’il fallait négocier avec les Canadiens-Français.

Vers la fin de 1925, deux ans et demi après la fondation de l’école libre, un comité de Franco-Ontariens a été formé pour étudier les propositions de la Commission des écoles Séparées.

Il était temps pour les anglophones d’accepter et de reconnaître l’éducation bilingue à Pembroke. Un « agreement » a été formé entre le comité Franco-Ontarien et la Commission Scolaire des Écoles Séparées. Les commissaires étaient prêts à accorder l’éducation bilingue jusqu’à la troisième année mais les Francophones la voulaient absolument jusqu’à la quatrième année.

Pendant le mois de février 1926, l’inspecteur des écoles séparées, M. h.J. Payette, accorda l’éducation bilingue jusqu’à la quatrième année aux écoles séparées de Pembroke :

« Providing it does not mean the addition of an otherwise unnecessary teacher to the staff »

Les Franco-Ontariens devaient considérer ce que proposa la commission scolaire, en voici le contenu :  

 

 LES CLAUSES DE L’AGREEMENT REFUSÉ DE 1926


« That is it agreed by this Board that in the event of the pupils of St Joan Arc Bilingual School returning to St John School, to:

        I.            Form within the Board a section or Committee composed of the French-speaking trustees to whom will belong the full control of the French or bilingual classes in both St John and Cathedral schools with the full power to;

a)      Group in separate classes or rooms all children of French origin, whose parents direct them to learn both official languages of Canada and who are attending St John School and will attend that school in the future;

b)      Employ for these French or bilingual classes, French teachers capable of teaching both the English and French languages in accordance with the true method of bilingual teaching and to fix their salaries;

c)       Appoint as principal of the French or bilingual classes one of these French teachers with the entire and exclusive control and discipline of the French children and classes, and of the teaching therein, leaving for the present to the actual Principal nominated or accepted by the Board the general supervision of the school inasmuch as it does not affect the provision of their agreement;

d)      Employ as many French teachers as it is necessary to impart to the French-speaking children a complete primary education 1- from Form I to Form IV inclusive according to the bilingual methods now recognising everywhere, 2- to prevent the French and the English classes the interchange of time which has proven contrary to the progress of pupils and to the rules of pedagogy;

e)      Manage the French classes in cooperation with their appointed principal;

f)       Deal with the reports and recommendations of the inspector regarding these classes;

g)      Retain at least for the present term Misses Jeanne Lajoie and Rosa Major as teachers in the bilingual classes under the control of the said French section or committee;

h)      Establish similar bilingual classes in the cathedral School when requested by the French-speaking parents having a sufficient number of children to form one or more  bilingual classes or rooms

      II.             furthermore, it is agreed that all recommendations made to the school board by the French Committee, within the limits of the conditions above described are binding on the board


                               Source: Université d’Ottawa, CRCCF, Dossier # C2/212/5. ACFO

Après un examen minutieux, les Canadiens-Français ont décidé de ne pas accepter  les propositions puisqu’elles étaient ambigües et qu’elle : « retiraient d’une main ce qu’elles concédaient d’une autre ». La proposition dicte de retenir Mlle Lajoie et Mlle Major jusqu’à la fin du terme. Tout le monde était conscient que s’ils leurs enlevaient Jeanne Lajoie et Melle Major, ils les remplaceraient très vite par d’autres qui continueront leurs méthodes d’anglicisation.

La proposition dictait aussi que les institutrices devraient enseigner selon les guides des inspecteurs, Jeanne Lajoie démontra son apposition féroce de la proposition en disant :

« Non, non, je n’irai pas à l’École St Jean. Non, non, je n’enseignerai pas selon les méthodes du Gouvernement, voilà trois ans que je me bats pour ne pas suivre ce courant. Pensez-vous qu’aujourd’hui je changerai d’attitude? Vous n’êtes pas obligés de me garder, mais moi, je crois qu’il est de mon devoir de vous avertir que je ne retournerai pas à l’École St-Jean pour suivre la ligne de conduite, tracée par la lettre de l’inspecteur. »

 

Durant l’été 1927, la version de l’ « agreement », proposée par  la Commission Scolaire fût acceptée. Elle accordait deux classes bilingues dans chaque école et assurait la protection des institutrices de l’école libre.

Pour se protéger, les Franco-Ontariens menaçaient que si les principes de l’ « agreement » n’étaient pas observés, les élèves retourneraient aussi rapidement que possible à l’école libre Ste Jeanne d’Arc.

Au mois de septembre 1927, les jeunes Franco-Ontariens ont assisté à leurs cours dans l’école St-John et Cathedral  et la vieille école libre Jeanne d’Arc, fût confiée au Cercle Lorrain, Après quatre ans de bataille, négociations et sacrifices,  les Canadiens-Français de Pembroke ont atteint leur but.

Au mois de juillet 1926, Jeanne Lajoie quitta la ville de Pembroke. Après avoir consulté son médecin qui lui annonça qu’elle avait les poumons faibles, Jeanne entra au sanatorium Sacré-Cœur à Cartierville car elle était atteinte par la tuberculose.

Elle rendit l’âme le 2 mars 1930. La messe fût chantée le 4 par son frère Elias et elle fût inhumée au cimetière de la Côte-des-neiges à Montréal, dans le lot des pauvres.

La Pucelle de Pembroke et la Jeanne d’Arc de la Nouvelle France sont seulement quelques sobriquets de Jeanne Lajoie.

Pourquoi a-t-elle été si importante et tellement glorifiée dans le monde francophone du Canada? Jeanne était dévouée à la cause et férocement déterminée d’achever le succès. Après avoir été congédiée, elle continua à presser les chefs d’engager une autre institutrice de français. Ainsi, pendant la lutte, Jeanne reçut deux offres d’emploi : une place dans les bureaux d’un homme d’affaires et une position en enseignement dans une école bilingue. Elle refusa ces offres car elle s’était dévouée à la cause de Pembroke. Pour elle, combattre pour la langue française était « tout simplement naturel »

Jeanne « stimula l’ardeur patriotique des nôtres et suscita des courages prêts à tous les combats pour assurer la survivance du français en Ontario. »